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La Bande des Quatre se fout des gaz de schistes

mars 1, 2011
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Fabrice Nicolino, lundi 28 février 2011, in Altermonde-sans-frontière

Allons-y gaiement. Au point où j’en suis avec les associations écologistes officiellement estampillées, je n’ai plus grand-chose à perdre. Ce que je vais écrire n’est pas un bonheur, mais une profonde tristesse. D’abord, et pour vous mettre dans l’ambiance, j’accuse publiquement le WWF, Greenpeace, La fondation Nicolas Hulot et France Nature Environnement (FNE) d’avoir permis le déferlement de l’industrie criminelle des biocarburants – de leur vrai nom nécrocarburants – en France. En 2007, j’ai publié un livre sur le sujet – la faim, la bagnole, le blé et nous (Fayard) – qui annonçait l’essentiel, y compris les famines qui ont éclaté au printemps 2008. Car évidemment, lorsque l’on détourne des millions de tonnes, des dizaines de millions de tonnes de plantes alimentaires pour faire rouler des bagnoles, dans un monde qui compte un milliard d’affamés, il y a des conséquences.

Je vous le jure, j’ai fait le job. J’ai lancé l’alerte auprès de tous. Résultat : rien. Que dalle. Ces messieurs-dames de la Bande des Quatre ont préféré se vautrer dans la pantomime du Grenelle de l’Environnement. Que cela soit clair, et j’assume la responsabilité de mes propos : je les maudis. Pour de vrai. L’agronome américain Lester Brown, qui connaît son métier, même si je n’ai jamais ménagé mes critiques à son endroit, estime que le maïs américain détourné au profit de la production de biocarburants aux États-Unis (en 2009) – 119 millions de tonnes – aurait suffi à nourrir 350 millions d’humains pendant un an (ici). Par lâcheté, par opportunisme, par complaisance, la Bande des Quatre n’a pas bougé un orteil. Si elle avait organisé le combat, le grand manitou des nécrocarburants en France, Xavier Beulin, ne serait pas devenu le patron de la FNSEA (ici). Ils n’auraient pas osé cette invraisemblable provocation.

Et maintenant, les gaz de schistes, énorme affaire planétaire et française, qui met en jeu notre avenir commun. Nicolas Hulot, qui se prépare à lancer sa candidature à l’élection présidentielle ? Silence. Honte. Le WWF ? Son directeur Serge Orru a signé dans le magazine Terra Eco (ici) une tribune dont le titre est clair : « On touche le fond ». Il est contre les gaz de schistes, fort bien. Il était déjà contre les biocarburants. Et ? Mais rien du tout ! La bagarre est en route depuis au moins deux mois en France, et le WWF, qui dispose de moyens financiers très importants, ne fait strictement rien. Il faut dire que le WWF des États-Unis, lié de fort près à l’industrie, n’a rien tenté pour contrarier la réalisation des 500 000 puits de forages existant là-bas.

Greenpeace ? Dans cette association verticaliste, nul ne bouge tant que la bureaucratie internationale qui dirige tout depuis Amsterdam ne le décide. Et, donc, Greenpeace France ne fait rien. Encore bravo, les vaillants défenseurs de la planète ! Quant à la fédération France Nature Environnement (FNE), qui tire sans doute plus de 65 % de ses ressources de fonds publics, elle joue son rôle traditionnel de tranquillisant social (ici), si utile en ces temps troublés. Elle ne conteste pas les gaz de schistes pour ce qu’ils représentent d’évidence, elle réclame que les formes soient mises. FNE estime que « le débat public doit permettre d’explorer toutes les techniques capables de récupérer les hydrocarbures non conventionnels afin de détailler, au-delà des impacts climatiques, les risques de dégradation de la qualité de l’eau et de l’environnement, sans compter les impacts sanitaires ».

Cela vous inspire quoi, franchement ? J’ajoute que FNE se réjouit du moratoire-bidon décrété par le gouvernement et prie respectueusement madame Kosciusko-Morizet de saisir la Commission Nationale du Débat Public (CNDP) qui s’est illustrée dans un pseudo-débat honteux, et même humiliant pour l’esprit démocratique, au sujet des nanotechnologies. Le message de FNE au pouvoir est clair : servez-nous une sauce acceptable.

Nous en sommes donc là, et j’en suis écœuré. Au passage, et parce que le rapport est direct, sachez que je publie le 16 mars un livre intitulé Qui a tué l’écologie ? (éditions LLL). Je vais être obligé de vous en reparler, car compte tenu de ce que j’ai écrit, je compte essentiellement sur le bouche-à-oreille. C’est-à-dire sur vous.

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